
Christelle GUIBERT
Les élus européens ont voté pour réduire de 60 % les émissions de carbone d’ici à 2030. Il reste à convaincre les 27 chefs d’État. Pas gagné : certains jugeaient déjà l’objectif de 55 % ambitieux…
Repères
Qu’ont adopté les eurodéputés ?
Le Parlement européen a adopté« sa » version de la loi Climat, mercredi. Elle comprend une réduction de 60 % des émissions de carbone d’ici à 2030, alors que la Commission d’Ursula von der Leyen ne propose que 55 %, et un texte final qui encadrera juridiquement la neutralité climatique en 2050.
« Nous l’avons fait ! », exulte Jytte Guteland, l’eurodéputée suédoise, rapporteuse du projet de loi. « Je suis fier du Parlement », réagit le Français Pascal Canfin (libéraux), qui a poussé pour les 60 %.
Tout le Parlement était-il d’accord ?
Non. Le 60 %, controversé, a fait l’objet d’un premier vote serré. Des parlementaires verts et rouges souhaitaient un 65 %, plus conforme aux recommandations scientifiques , pour rester sous le 1,5 °C de réchauffement climatique, a plaidé la Française Manon Aubry (gauche radicale). C’est une course à l’échalote , jugeait sa collègue de droite Agnès Evren, qui a voté contre ce 5 % d’ambition supplémentaire, comme toute la droite européenne. En revanche des députés de droite ont voté le texte final, afin de ne pas pénaliser la loi Climat, dans son ensemble, et de ne pas envoyer le signal d’un parti irresponsable sur cet enjeu. Seule l’extrême droite a tout refusé en bloc.
Quelles garanties pour y arriver ?
Voter un objectif c’est bien, l’atteindre c’est mieux. Pour y parvenir, les élus européens ont prévu des outils : la création d’un conseil scientifique indépendant ou la fin de toutes les subventions directes et indirectes aux combustibles fossiles d’ici à la fin 2025 au plus tard. Ils réclament aussi un financement suffisant pour accompagner cette transition énergétique et écologique. Pas gagné.
Que va-t-il se passer maintenant ?
La nouvelle ambition du Parlement est posée sur la table des 27 dirigeants du Conseil. Ces derniers veulent d’abord se prononcer sur la proposition de la Commission avant d’engager des négociations plus ardues avec le Parlement. Une fois que le Conseil aura défini sa position, nous devrions être en mesure de transformer rapidement la neutralité, en texte de loi , espère le Néerlandais Frans Timmermans, le bras droit de Von der Leyen, chargé du climat.Malgré les efforts du Danemark et de la Finlande, il y a fort à parier que les autres États campent sur un 55 %, plus réaliste au regard des emplois , estime Agnès Evren. Le Conseil des 27, à Bruxelles, c’est un peu le Sénat en France : la plus conservatrice des institutions.
Quand peut-on espérer un accord ?
Sur le climat, rien ne devrait déboucher lors de la prochaine réunion du Conseil, les 15 et 16 octobre. Il y a déjà le plan de relance, le budget, le Brexit… à négocier. Il se murmure que l’Allemagne veut son accord, avant la fin de sa présidence, en décembre.