Bruxelles, 06/09/2019 (Agence Europe) – En dépit du succès des directives « Nature », les efforts de l’UE pour protéger la biodiversité sont loin d’être suffisants, a souligné le commissaire européen à l’Environnement, Karmenu Vella, devant les députés de la commission de l’environnement du Parlement européen, le 3 septembre. L’échange était organisé en vue de la quinzième conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP 15, octobre 2020, Chine). « On parle beaucoup de climat, moins de biodiversité. Le rôle de l’UE et de la Commission sera déterminant pour que ces dossiers soient au-dessus de la pile », a déclaré le président de la commission, Pascal Canfin (Renew Europe, français).
À l’heure où les forêts brûlent en Amazonie, en Sibérie et en Afrique, où le rapport IPBES met en lumière la rapidité de la sixième extinction massive des espèces, le commissaire a estimé que les engagements pris par la Présidente élue de la future Commission, Ursula von der Leyen, posaient opportunément les jalons d’une action européenne plus ambitieuse
Intégrer la biodiversité dans les politiques. Celle-ci a promis une stratégie 2030 pour la biodiversité « pour que l’UE soit un exemple pour le monde » et a souligné l’urgence de présenter de nouvelles normes transversales en intégrant la biodiversité dans les différentes politiques – commerce, industrie, agriculture, économie (EUROPE B12298A17).
« Pour être crédibles, nous devons donner l’exemple chez nous. Le moment est venu de travailler sur des approches intégrées », a martelé M. Vella.
Il a plaidé pour que les lignes directrices toutes récentes sur l’intégration des services écosystémiques (EUROPE B12319A9) s’inscrivent « dans des initiatives politiques plus solides ». Selon lui, un tel cadre pourrait compléter les directives « Nature » afin d’avoir une couverture plus large et de limiter la perte de biodiversité pour garantir des avantages sociétaux de façon optimale.
« J’ai déjà lancé un appel au dernier Conseil Environnement pour que les États membres discutent des secteurs politiques clés pour l’avenir de la biodiversité. Je suis convaincu qu’il faudrait un même débat au Parlement européen », a-t-il dit.
Il a également plaidé pour « une vision industrielle d’avenir » qui pourrait permettre une réponse concrète aux appels répétés du monde des affaires à des normes comptables pour que le capital naturel soit pris en compte. Cela compléterait utilement la finance durable, a-t-il estimé.
Soutenir la réforme de la PAC. M. Vella a en outre appelé le Parlement à défendre le niveau d’ambition environnementale et climatique des propositions de la Commission pour la réforme de la PAC 2021-2027.
L’achèvement du réseau Natura 2000, tant sur terre qu’en mer, et la fixation d’objectifs et de mesures de préservation resteront deux priorités des services de la Commission, a-t-il aussi assuré.
La COP 15 sur le cadre international post-2020 devrait être un moment crucial pour l’Accord de Paris et la biodiversité, grâce à des objectifs ambitieux, mesurables et fermes pour les parties, ainsi qu’un mécanisme de révision plus fort, a-t-il souligné.
Informant les députés des résultats de la dernière réunion CITES, le commissaire s’est réjoui de l’adoption par consensus de 12 propositions de l’UE d’inscrire de nouvelles espèces.
Contradictions. Agnès Evren (PPE, française) a estimé que le renforcement de la protection des éléphants d’Afrique était un signal positif, mais qu’il faudrait aussi lutter davantage contre le trafic d’espèces sauvages.
Quel est le plan stratégique pour convaincre des pays comme la Chine de protéger la biodiversité alors que leur demande d’ivoire et de tigres va croissant ?, a demandé Alexandr Vondra (CRE, tchèque). M. Vella a répondu qu’on ne peut sous-estimer l’action de la Chine dans le domaine de l’environnement : une délégation chinoise était à Bruxelles les 5 et 6 septembre dans le cadre du partenariat UE/Chine sur les océans, pour le partage des connaissances par les données satellites.
Des députés S&D ont déploré que la Commission n’ait toujours pas présenté la stratégie de l’UE pour un environnement non toxique.
Évoquant les 470 000 hectares de forêt déjà ravagés en Amazonie, Marie Toussaint (Verts/ALE française) a rappelé qu’en Guyane, la France « déforeste au nom de l’extraction aurifère ».
Sylvia Limmer (Identité et démocratie, allemande) a fustigé la politique climatique de l’UE, qui promeut les biocarburants pour permettre la neutralité du transport aérien d’ici à 2050 et « considère les éoliennes et le photovoltaïque comme durables alors qu’on les établit dans les forêts ». (Aminata Niang)