
Elle prend ses fonctions de députée au Parlement européen cette semaine : Agnès Evren, membre du parti français Les Républicains, a été élue dans le sillage de François-Xavier Bellamy en mai 2019. Après le score décevant de la liste de droite, elle veut reconstruire son mouvement politique. Et pour conquérir de nouveaux électeurs, elle mise sur l’écologie. Quatrième épisode d’une série de portraits de personnalités françaises nouvelles à Strasbourg.
« Quand Laurent Wauquiez m’a appelée, j’étais la première surprise. ». Agnès Evren rêvait d’être députée. Mais à l’entendre, elle n’a jamais envisagé l’échelon européen. En France, elle multipliait déjà les casquettes : présidente de la fédération parisienne des Républicains (LR), vice-présidente de la région Île-de-France et conseillère municipale du 15e arrondissement à Paris. « J’ai dit oui, évidemment. »
Le dirigeant de LR a choisi un trio à la tête de la liste aux élections européennes de mai 2019. Il fallait rassembler les différentes tendances du parti. Il fallait des visages nouveaux pour renouveler l’image du mouvement. Et il fallait respecter la parité. Agnès Evren, 48 ans, portée sur les questions sociales, peu connue du grand public, est donc devenue numéro 2 de la liste, entre le conservateur François-Xavier Bellamy et le juppéiste Arnaud Danjean.
Fidèle à son parti malgré le chaos
Le parti est donné troisième de l’élection dans les sondages : il s’échoue à 8%. Après quelques secondes de silence, Agnès Evren le reconnaît : « C’était la déroute électorale, on va appeler un chat, un chat. »Malgré l’échec, elle ne désespère pas de reconstruire la droite française.
Agnès Evren, gaulliste revendiquée, y a fait toute sa carrière politique : à partir de 2002 au RPR, puis à l’UMP et aux Républicains. Après une parenthèse consacrée à la société de conseil qu’elle a fondée, de 2004 à 2010, elle revient dans l’arène : elle rejoint l’équipe de François Baroin, alors ministre du Budget. À partir de 2012, avec la défaite de la droite à la présidentielle, elle se rabat sur des engagements locaux. Elle est porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet pour les municipales de 2014. Elle est repérée par Valérie Pécresse, dont elle intègre l’équipe quand la droite reprend la région Île-de-France aux socialistes.
Stratège, Agnès Evren ne veut fâcher personne dans sa famille politique. François-Xavier Bellamy ? « Je le rejoins sur les questions de la culture et de l’éducation. »Laurent Wauquiez ? « Il a été très digne quand il a choisi de quitter la présidence du parti. »Quand on évoque le départ surprise de Valérie Pécresse de LR, Agnès Evren répond du tac au tac : « Je peux la comprendre. »Mais pour la nouvelle eurodéputée, impensable de claquer la porte : « Mes mandats, je les dois aux Républicains, aux militants, je leur dois fidélité ! »
Depuis Bruxelles, elle ne compte pas laisser tomber Paris : en train, la capitale européenne est à environ une heure, les sessions parlementaires ont lieu deux jours par semaine. Elle renonce à son mandat régional mais elle conserve ses autres fonctions. Dans les épineux dossiers qui l’attendent, il y a la désignation du candidat LR pour l’élection municipale de Paris. La prochaine échéance électorale pourrait de nouveau faire saigner un parti déjà écorché vif. « C’est dans la difficulté qu’il faut rester solide », insiste Agnès Evren. Mais pour le salut de la droite, « il faut que la querelle des chefs s’arrête, je ne crois qu’aux idées. »
L’environnement, passion de circonstances
Puisqu’on parle d’idées, celles de l’eurodéputée Agnès Evren se portent vers l’écologie. Au Parlement européen, elle devrait siéger à la commission environnement, santé et sécurité alimentaire.
Protéger la planète n’était pourtant pas une priorité de la droite. « On a souvent considéré que ce n’était pas un des sujets auquels notre électorat s’intéressait », reconnaît-elle. Mais aujourd’hui, le score surprise de la liste Europe écologie-Les Verts (13,5% des suffrages exprimés aux élections européennes) le rappelle : aucun parti politique ne peut se permettre l’impasse.
Agnès Evren tacle volontiers le verdissement tardif du programme de La République en marche : « Les proches d’Emmanuel Macron ont mis des clignotants verts… Ce sont des clins d’œil envoyés aux jeunes. » Pourtant, la prise de conscience de l’élue LR aussi semble récente : « Quand j’ai vu cette jeunesse qui se mobilise dans les rues, j’ai trouvé dommage que le sujet soit délaissé. »
Elle défend l’écologie, mais à droite toujours. Agnès Evren pointe aisément ce qu’elle ne veut pas : hors de question de soutenir une écologie « punitive », fondée sur des normes contraignantes et la fiscalité. Au-delà de ces intentions, elle ne propose pas encore de projets précis. La nouvelle eurodéputée attend : « Pour l’instant, je réfléchis. » Mais elle se dit déjà prête aux compromis au niveau européen, promettant même de tendre la main s’il le faut aux eurodéputés d’EELV ou de La République en marche.